Les couchers sont un enfer ! Mon enfant refuse de dormir

Sommeil

Votre enfant a 18 mois, 2.5 ans, ou 4 ans et cela fait des semaines voir des mois qu’il/elle semble fâché.e avec le sommeil. Tous les soirs à la maison se rejoue le même scénario : il ne veut pas dormir, sort de son lit, vous rappelle 10 fois quand vous arrivez à quitter sa chambre, et finit par s’endormir d’épuisement, papa ou maman allongé à côté de lui !

Pas de répit, toutes les nuits, il se réveille et vous ne rêvez que d’une chose : retrouver un sommeil serein et réparateur.

Vous avez beau accompagner ses émotions, verbaliser, lui donner de votre temps et votre écoute, proposer un rituel de qualité, passer par le jeu, faire preuve d’empathie et de patience .. Rien n’y fait ! Vous avez essayé la menace, le chantage (au point où on en est !), la fermeté, …tout aussi inefficaces.

Vous êtes épuisés, découragés et à court d’idées. Vous avez lu, cherché la solution à tous ces troubles en vain. Alors, à bout, vous finissez par rester dans la chambre jusqu’à ce que votre enfant puisse enfin s’endormir, au bout de longues minutes de pleurs, de lutte et d’excitation.

Chers parents, si vous vous reconnaissez dans ces mots, cet article devrait vous aider !

Voyons ensemble ce qui se passe pour votre enfant et comment l’aider (et vous avec) à retrouver de la sérénité au moment d’aller au lit.

Depuis combien de temps les troubles sont-ils apparus ?

Pour savoir comment réagir, il est d’abord nécessaire d’évaluer depuis combien de temps votre enfant peine à dormir sereinement.

  • Depuis 2 semaines / 1 mois ? Pas de panique ! C’est certainement une régression du sommeil. Votre enfant est en train de vivre une poussée dentaire, de « digérer » un événement, de passer une phase de développement et il y a un retentissement sur son sommeil. Patientez en essayant de garder le cap. N’hésitez pas à consulter mes conseils en cas de régression. Et certainement que dans quelques jours, tout cela sera de l’histoire ancienne !
  • Depuis plusieurs mois ? voire années ? Bébé, n’a jamais bien dormi ? Dans ce cas, il y a certainement un conditionnement qui s’est peu à peu mis en place, au-delà de la cause de départ. A savoir que votre enfant s’est attaché à des rituels et habitudes pour aller vers le sommeil. Ces rituels le rassurent et il ne peut plus s’en passer à la maison : « Maintenant, pour m’endormir il faut que maman me tienne la main !  Et quand maman essaie de faire autrement, je réagis et lutte car cela me fait peur ! ». Votre enfant a certainement perdu confiance en ses capacités d’endormissement et vous êtes devenus la béquille indispensable à son sommeil.

Sauf qu’une béquille, normalement, c’est provisoire ! Votre enfant va pouvoir réapprendre à marcher (dormir) comme un champion avec un peu d’aide et beaucoup de confiance de la part de ses parents !

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Difficultés d’endormissement et réveils nocturnes : les causes 

Elément important à comprendre : votre enfant ne fait pas « exprès » juste pour vous embêter ! Bien que parfois on se pose vraiment la question.

Les difficultés d’endormissements et les réveils la nuit sont des symptômes. Avant de chercher à modifier les habitudes du soir, prenez un temps pour observer. Comprendre ce qui se joue pour parents et enfants aidera à débloquer la situation.

Voici quelques causes à rechercher

Les causes environnementales

  • L’heure du coucher est-elle adaptée à ses besoins et à son  âge ? Votre enfant est-il vraiment fatigué ? Cela peut paraître une question bête mais il s’agit de trouver le bon rythme. Si il fait 3h de sieste à la crèche, il se peut qu’il ne soit pas fatigué à 20h. L’endormissement peut en pâtir. Vous pouvez remplir un agenda du sommeil sur quelques jours pour analyser les rythmes de votre bébé.
  • Votre enfant se dépense t’il assez en journée ? La dépense physique est indispensable à un bon sommeil. L’OMS recommande 3 h d’activité par jour dont 1h intensive ! On est parfois loin du compte
  • Est-il exposé suffisamment à la lumière naturelle ? La sécrétion de mélatonine est dépendante d’une bonne exposition à la lumière du jour. A contrario, attention aux écrans et à la lumière bleue qui décale la sécretion de mélatonine en envoyant de faux signaux aux cerveau
  • Mange t’il trop tard ? un repas trop tardif vient redonner de l’énergie au moment et décaler l’endormissement. Jusqu’à 4/5 ans, un dîner à 18h30/19h est recommandé
  • Trop de sucre en soirée peut également perturber l’endormissement et générer de l’excitation
  • Pas de rituel régulier pour le coucher : si tous les soirs les habitudes changent, cela créé une trop grande incertitude pour vous enfant. Cf plus bas.

Les causes développementales

  • Angoisse de séparation : Vers 18 mois, 2 ans, votre enfant peut traverser une deuxième angoisse de séparation. C’est une phase positive et nécessaire dans le développement de votre enfant, qui prend conscience de son individualité. En général, l’enfant modifie son comportement en journée. Il vous cherche, demande beaucoup les bras, pleure aux séparations, et accroche votre cou au moment où vous le posez dans son lit.  Cette anxiété est normale et passagère mais peut être vécue difficilement par les parents.
  • Recherche d’autonomie : votre bébé n’est en réalité plus un bébé ! Il devient une petite personne, et affirme ses envies, ses goût, ses refus. Souvent, le sommeil est un domaine d’affirmation choisi par les enfants. Tiens, et si je dis non à mes parents, que se passe t’il ? En disant non il vient questionner ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. C’est fatigant, mais nécessaire de passer par là.
  • Peurs : les premières peurs arrivent entre 18 mois et 2.5 ans. La peur du noir, des bruits, puis des loups, sorcières et autres monstres.
  • Toutes les grandes acquisitions type continence diurne et nocturne, etc.

Les causes médicales

  • Une affection passagère :  Une poussée dentaire, une otite aigue, un rhume peuvent être à l’origine de difficultés d’endormissements pendant quelques semaines.
  • Une otite séreuse peut générer des douleurs et un inconfort surtout la nuit. La pose d’aérateurs trans tympaniques peut s’avérer très bénéfique concernant les difficultés de sommeil.
  • Un syndrome d’apnée du sommeil peut être la cause de troubles du sommeil. Si votre enfant a une respiration buccale, semble « parler du nez », ronfle ou a une respiration bruyante, se réveille et boit beaucoup durant ses nuits, n’hésitez pas à consulter un ORL
  • Un RGO causant une irritation œsophagienne

Si vous avez un doute sur une cause médicale, n’hésitez pas à en parler à votre pédiatre ou médecin traitant.

Les causes émotionnelles

  • Un besoin d’attention non comblé : les multiples rappels cachent souvent un besoin d’avoir papa ou maman que pour soi. Et côté parents il est parfois difficile de refuser un câlin alors que l’on a à peine vu son enfant en journée. La culpabilité peut amener à accepter certains soirs et la fatigue à refuser d’autre soirs…
  • Un changement dans le quotidien : entrée à l’école, vacances chez papi et mamie, naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur
  • Un événement vécu comme stressant : votre enfant est tombé de son lit, a eu peur de l’orage, a fait une chute de vélo, a été séparé de vous quelques jours, a beaucoup changé de lieu pendant les vacances…

Comment aider votre enfant ?

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En journée

N’en faites pas une obsession : lorsque l’on a un enfant qui présente des troubles du sommeil, cela peut devenir le sujet central de toutes les discussions. Entre collègues, en couple, avec le mode de garde, les voisins, les grands parents, la maitresse… 

« Alors Théo, tu as fait un gros dodo ? Tu vas faire des efforts hein, il faut laisser papa et maman dormir la nuit ! » Tout le monde se met à parler du sommeil, y va se son petit conseil expert, et votre enfant peut vite se sentir uniquement défini par ses problèmes de sommeil. Et plus vous focalisez sur la situation, plus elle peut devenir difficile à vivre pour tout le monde. Parfois un lâcher prise et une prise de distance permettent d’apaiser les choses comme par magie.

Valorisez votre enfant : « Anna » n’est pas juste une enfant qui ne dort pas. C’est aussi une petite fille vive, curieuse, drôle, intelligente et pleine d’affection. Valorisez en journée tout ce que votre enfant sait faire de positif. Montrez-lui tout votre amour pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il fait de bien ou de mal. C’est en renouant positivement avec votre enfant que vous vous reconnecterez à lui. Et cela ne peut avoir qu’une influence positive sur son sommeil.

Trouvez du relais : lorsque l’on est sur le pont de jour comme de nuit, la fatigue, voir l’épuisement s’installent. Il est ultra nécessaire d’avoir des sas pour vous. Prenez votre après midi à tour de rôle, confiez les enfants aux grands parents ou à des amis. Videz vous la tête et ne pensez qu’à vous. C’est vital.

Investissez la chambre de votre enfant : faites-lui une chambre qu’il aime, passez-y du temps avec lui/elle. Mettez-y ses jeux préférés, faites-le participer dans la décoration…. Votre enfant ne peut pas dormir dans un lieu qu’il n’aime pas et qu’il ne connait pas.

Bichonnez les rythmes : les enfants ont besoin de régularité. Plus les journées seront  régulières, plus son horloge biologique se calera sur des horaires stables.

Le soir

Optimisez la soirée : dînez le plus tôt possible pour éviter de créer un regain d’énergie trop tardif. 18h30/19h convient parfaitement aux petits et grands enfants.

Jouez avant d’aller dormir : Rien de tel qu’un moment de jeu, de rire authentique pour remplir le réservoir affectif de votre enfant. En lui donnant une vraie attention avant le rituel, vous lui donnez tout ce dont il a besoin pour bien dormir.10 minutes de jeu après le dîner pour gagner en sérénité au coucher.

Identifiez votre état intérieur au moment de coucher votre enfant. Si vous êtes tendu(e), stressé(e) ou que vous avez hâte d’en finir votre enfant aura plus de difficultés à se détendre lui aussi. Dodo = plaisir et non corvée !

Y’a pas le feu !  : les soirées ont beau être rythmées et denses, essayez de ne pas bousculer constamment vos enfants. Il vaut parfois mieux faire des choix en ne proposant pas une douche tous les soirs histoire de gagner en sérénité.

Le choix des mots : Ne dites pas  » allez, c’est l’heure d’aller au lit !  » Rien de plus angoissant et glauque pour votre enfant ! Il joue, il est bien et il accepterai de vous suivre pour « aller au lit » ? Grosse arnaque ! Préférez des alternatives plus sympas : »quel livre va t’on lire ce soir ? Celui là ? Oh ouiii, je l’aime beaucoup ! » Bref, montrez à votre enfant que quelque chose de chouette l’attend. Consultez mes outils ludiques pour accompagner vos enfants vers leur lit.

Pendant le rituel ?

Bichonnez le rituel mais limitez le dans le temps. Le rituel est une base indispensable avant d’aller se coucher. Ne le bâclez pas mais ne l’éternisez pas. Plus le rituel est long plus il est difficile de se séparer. Si votre enfant sent que le rituel s’éternise et que vous avez vous même des difficultés à partir, il sera en plein doute. N’hésitez pas à utiliser mon rituel imagé en faisant participer votre enfant dans sa mise en place, tout en lui nommant bien les règles du coucher.

Grands choix / petits choix : plus vous valoriserez son besoin d’autonomie sur des petits choix, moins il remettra en cause les grands choix. Votre enfant est trop petit pour choisir le nombre d’histoires ou quel parent le couche. Il doit se laisser porter. Par contre, laissez-le décider sur les détails : sur ta brosse à dent tu veux le dentifrice à la fraise ou à la menthe ? Tu préfères mettre ta couche seul ou maman (papa) te le met ? Un bisou sur le nez ou sur la joue ? Etc..

Ne le laissez pas se disperser. Vous êtes garants du bon déroulement du rituel. Si votre enfant se met à jouer pendant l’histoire, à courir dans tous les sens, posez la limite : « je suis là pour te lire l’histoire, tu n’écoutes pas, je préfère sortir. » Plus le cadre sera fixe plus votre enfant sera sécurisé

Soyez réguliers : s’il y a trop d’exceptions à la règle, votre enfant sera très frustré les soirs où vous lui refusez une troisième histoire.

En installant votre enfant au lit

Misez sur la sécurité : a-t-il peur de quelque chose ? Il est important de donner à votre enfant des outils concrets pour qu’il puisse chasser ses peurs et angoisses. Vous pouvez lui faire une bulle de protection, réciter une formule magique avec lui en chassant tout ce qui lui fait peur et en nomment tout ce qui le protège, Lui donner un objet qui renforce sa confiance (bracelet magique avec tous vos bisous, poupée, épée, lampe de poche). Attention à ne pas multiplier les outils. Un seul suffit.

Une veilleuse pour la peur du noir : une faible présence lumineuse peut aider à apaiser la peur du noir. Attention à ne pas multiplier les lumières et autres guirlandes au risque de tomber dans la surstimulation.

N’en faites pas trop : sa chambre n’est pas un lieu de danger. Si vous passez votre temps à lui dire qu’il est en sécurité, il finira par se poser des questions. Proposez-lui un outil dans lequel vous mettez toute votre confiance. Car la confiance est contagieuse !

Aidez-le à se recentrer. Lorsque votre enfant vous demande une « dernière histoire » c’est probablement que son cerveau est encore très actif. Sans lui dire un « non » trop frontal, dites-lui avec le sourire « installe toi dans ton lit, nous allons faire la bulle de protection ! Ou accompagnez-le à s’installer confortablement pour lui gratter le dos ou lui faire un massage, lui parler avec une voix douce en lui parlant de choses qu’il/elle aime pour amener son cerveau à des pensées apaisantes.

Au moment de l’endormissement

Montrez à votre enfant que vous avez totale confiance en lui : accompagner ses émotions ne veut pas dire faire à sa place. Votre enfant doit être en mesure de s’endormir dans sa chambre en ayant assez de confiance en lui. C’est un beau cadeau à lui faire

Evitez d’être trop frontal : Poser des règles ne veut pas dire chercher le rapport de force et la punition. Si votre enfant vous demande de rester à côté de lui, il vaut mieux éviter de lui répondre « non tu fais dodo tout seul ». Cependant vous pouvez tout  à fait lui dire « tiens, je te mets une musique à écouter et je suis dans le couloir, je reviens ».

Ajustez votre réponse en fonction du comportement de votre enfant en faisant des compromis Il vaut parfois mieux revenir faire un gros câlin pour l’apaiser et faire quelques allers retours plutôt que de partir sur une énorme crise de larmes où tout le monde montera en tension.

Sachez dire STOP : être parent c’est aussi apporter un cadre rassurant à votre enfant. Il vaut souvent mieux poser le cadre dès le début plutôt que d’exploser d’un coup après 2 heures de négociations et de patience. Si vous sentez que votre enfant joue, saute partout, arrive avec un petit rire derrière la porte sans respecter le contrat que vous avez posé ensemble, il vaut mieux mettre un stop avec bienveillance : « je vois que tu es très excité, nous avons fait un super rituel, tu as tout ce qu’il faut pour bien dormir, maman va fermer la porte car là je ne suis pas d’accord avec ce qu’il se passe. » Souvent cela génère une crise de colère, des pleurs, et permet à votre enfant de vider son petit volcan.  Laissez-le vivre cette émotion sans chercher à la contrôler. Restez derrière la porte quelques minutes ou allez dans la chambre en fonction de l’âge de votre enfant et de votre ressenti. Il sera bien sûr important d’aller lui faire un gros câlin ensuite pour ressortir de nouveau. Croyez-moi, votre enfant sera rassuré de voir que vous gardez confiance en vous et dans les règles que vous posez.


Dans tous les cas, sachez que ce sont des périodes fatigantes et éprouvantes. Faites de votre mieux et n’hésitez pas à demander une aide bienveillante. Cela fait partie de la vie de tout parent, vous n’êtes pas seuls, promis !

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