Si vous souhaitez que votre bébé dorme bien la nuit, il faut qu’il apprenne à s’endormir dans son lit !
En consultant les nombreux articles dédiés au sommeil des enfants, un élément revient systématiquement : l’endormissement autonome serait un indispensable pour un bon sommeil. Ainsi, les conditions d’endormissement de l’enfant auraient une influence sur la qualité de sa nuit.
Et lorsque l’on est parents d’un enfant qui peine à s’endormir et se réveille de nombreuses fois la nuit, on ne prend pas ce genre d’infos à la légère. Et on tente le tout pour le tout ;
Quel parent n’a pas essayé de laisser son enfant pleurer sur son matelas 5, 10 puis 15 minutes (en culpabilisant de tout son être) pour finalement devoir le bercer entre deux sanglots ?
Voir l’endormissement autonome comme un but à atteindre sans y mettre du sens et de la modération est une erreur.
Il est à mon sens urgent de donner des informations éclairées aux parents, pour leur permettre de comprendre ce qui se joue au moment de l’endormissement, et ainsi de choisir ce qui leur semble bon pour eux et pour leur enfant.
Informer mais ne pas dicter. Et ainsi éviter des injonctions engendrant peur et culpabilité chez les parents.
Vous trouverez dans cet article mon analyse sur la question de l’endormissement autonome basée sur mon expérience en tant qu’infirmière puéricultrice spécialiste du sommeil de l’enfant.
Alors, endormissement autonome : info ou intox ?
C’est parti pour un petit tour de la question ensemble…
Je m’endors, tu t’endors, il s’endort …
S’endormir est un verbe pronominal. Logiquement on n’endort pas quelqu’un…
Je m’endors, tu t’endors, il s’endort…chacun gère son endormissement !
Sauf qu’entre grammaire et vie de parent, il y a un monde !
Il est évident qu’un parent participe à mettre en place des actions pour favoriser le sommeil de son enfant. Nous faisons le raccourci en disant « je l’endors en le berçant ! »
Mais en réalité, votre enfant s’endort bel et bien seul, qu’il soit dans vos bras ou dans son lit. Vous ne pouvez pas dormir à sa place (scoop) !
Cela signifie qu’un endormissement est finalement toujours autonome, même quand un enfant s’endort dans les bras de ses parents. Rassurant n’est-ce pas ?
Néanmoins, dans le jargon du sommeil, l’endormissement autonome a une autre définition.
Qu’est-ce que l’endormissement autonome ?
L’endormissement autonome décrit la capacité d’une personne à s’endormir dans son lit sans l’intervention d’une personne extérieure. Cette compétence est normalement acquise chez les adultes, bien que certains ne peuvent s’endormir seuls malgré leurs 45 ans bien tassés !
Pour les bébés et les enfants, l’endormissement autonome signifie que les parents puissent poser leur enfant dans son lit et le laisser partir vers le pays des rêves sans avoir à lever le petit doigt.
Nous pouvons donc considérer par cette définition qu’un bébé qui s’endort au sein, bercé, collé à ses parents ne s’endort pas de façon autonome. Idem pour un enfant qui s’endort en tenant la main de son parent. Car dans les deux cas, l’enfant compte sur une intervention extérieure pour s’apaiser.
En d’autres termes, un enfant s’endort se façon autonome lorsqu’il est capable d’être posé éveillé dans son lit et de s’endormir par lui-même. Cela induit que l’enfant a acquis la compétence de s’auto-apaiser pour aller vers le sommeil. Cela n’est pas inné et demande plus ou moins de temps selon les enfants. Nous aborderons la question de l’âge auquel un enfant peut s’endormir seul un peu plus loin dans cet article.
Pourquoi l’endormissement autonome semble-t-il si important pour les spécialistes du sommeil ?
Avant de questionner le pour et le contre de l’endormissement autonome, il me semble important d’expliquer le lien entre endormissement et sommeil.
On se rendort comme on s’endort
En théorie, tout ce qui se passe au moment de l’endormissement représente le paysage de sommeil de l’enfant. Cela est aussi valable pour nous, adultes, lorsque nous nous endormons. Avant de fermer les yeux, nous nous imprégnons de l’environnement qui nous entoure : la chambre, les bruits ambiants, les odeurs, le confort de notre lit, la chaleur enveloppante de nos draps, le moelleux de l’oreiller…tout cela participe à notre détente et à notre capacité à lâcher prise. Notre corps a besoin de ces repères pour se sentir en sécurité. Certaines personnes sont très sensibles à ces repères et mettent plus de temps à s’endormir en cas de changement, même subtil.
D’autres au contraire n’auront aucun mal à s’endormir dans autre lieu…nous ne sommes pas égaux, et les enfants non plus !
L’endormissement représente la locomotive. Ainsi, entre chaque petit train de sommeil, lors d’un éveil bref, dont on ne se souvient pas la plupart du temps, notre corps recherche les repères qu’il aime tant pour pouvoir enchainer sur un autre cycle.
Etes-vous le lit de votre enfant ?
Imaginez maintenant qu’à chaque réveil, vous vous trouviez dans un lieu différent de votre endormissement. L’oreiller a disparu, vous êtes au sol et plus sur votre matelas confortable…votre premier réflexe ? Revenir sur votre matelas pour pouvoir vous rendormir.
C’est exactement ce qui se passe chez certains enfants pour qui le matelas douillet est en réalité les bras de maman ou de papa.
Lorsque votre bébé s’endort dans vos bras, il peut y avoir un petit côté énervant, voire inquiétant de toujours se réveiller sur un vulgaire matelas ! Ou quand votre enfant s’endort en tétant, le sein peut représenter un indispensable « doudou » pour s’endormir et se rendormir. C’est ce qui explique que certains enfants se réveillent entre chaque cycle de sommeil pour être de nouveau bercés, ou téter, ou autre…
Ce n’est pas que votre enfant fait exprès, c’est qu’il recherche naturellement ce qu’il connaît pour s’apaiser. Ainsi, si votre enfant se réveille de nombreuses fois la nuit, il sera fort intéressant d’aller regarder ce qu’il se passe au moment de son endormissement pour comprendre quel est son paysage de sommeil et ainsi l’harmoniser.
Cette règle est loin d’être universelle
Cependant, ce qui est dit plus haut mérite d’être nuancé. Si j’ai appris une chose au contact des enfants, c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue.
Certains enfants s’endorment au sein et enchaînent la plupart de leurs cycles sans téter. D’autres s’endorment à côté de leurs parents et ont intégré qu’ils partaient ensuite.
Ne faisons pas de l’endormissement autonome un dogme. Le plus important est de savoir regarder la situation dans son ensemble, en prenant en compte les besoins de l’enfant mais aussi ceux des parents.
Si accompagner votre enfant au sommeil est naturel et synonyme de complicité, vivez pleinement ce choix ! Et pourquoi pas dans ce cas vous installer en cododo pour éviter de vous lever à chaque réveil.
A l’inverse, si vous vivez les endormissements comme des moments de tension, vous privent de votre soirée, et que la fatigue s’accumule, il est tout à fait possible d’accompagner votre enfant vers de nouvelles habitudes, tout en prenant soin de son besoin de sécurité. Être parent demande de parfois savoir dire stop à des situations trop épuisantes pour tout le monde.
Vous n’êtes pas des machines et votre enfant n’est pas un Tamagotchi. Aller contre vos envies profondes, nier vos émotions fera assurément plus de dégâts que d’accompagner ou non votre enfant au sommeil. Il y a un temps pour tout.
L’endormissement autonome : à quel âge ?
Un nourrisson est -il en capacité de s’endormir en autonomie ?
Peut-on demander à un nourrisson de 3 mois d’apprendre à marcher ? Bien sûr que non. Sur cette question, tout le monde s’accorde.
Lorsqu’il s’agit du sommeil, je suis très étonnée de voir combien certains professionnels ont tendance à « oublier » qu’un nourrisson n’est pas en capacité de dormir comme un adulte ! Tout simplement car il n’en a pas les compétences physiques et psychiques.
Il est totalement NORMAL qu’un nouveau-né ne sache pas s’endormir en autonomie dans son lit. Tout comme le fait que son sommeil soit fractionné, qu’il ait besoin de manger fréquemment, et qu’il ne sache pas gérer sa tétine seul.
Les travaux de Bowlby sur la théorie de l’attachement nous montrent à quel point il est vital pour un bébé de profiter d’une relation de proximité avec l’adulte qui s’’en occupe (sa mère le plus souvent). Violaine Pillet résume ainsi la théorie de l’attachement : « Le bébé a besoin d’un lien d’attachement précoce et continu car il naît immature et dépendant, et la recherche de proximité maternelle est un besoin primaire. L’amour ne renforce pas la dépendance, il donne de l’assurance pour une ouverture au monde extérieur ».
Chers parents, votre bébé n’est pas un extraterrestre s’il ne s’endort que dans vos bras les premiers mois ! Je dirais même plus, il est totalement normal et rassurant qu’il ait besoin de vous. Et n’hésitez pas à répondre à son besoin de présence et d’enveloppement les premiers mois. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas évoluer au fil des mois…
A partir de quel âge un enfant peut-il s’endormir de façon autonome ?
Impossible de répondre à cette question sans s’intéresser au développement psychomoteur de l’enfant.
Un bébé évolue à vitesse grand V ! Et que d’un besoin de fusion avec ses parents, il va petit à petit se découvrir et s’individualiser. Grâce à tout l’amour qui lui est porté, l’enfant prend petit à petit conscience de ses compétences propres. Car, bien que tout petits, les enfants sont capables de beaucoup ! Ne serait-ce que sur le plan moteur, le bébé passe de la position dorsale à la marche en une année…et cela est possible grâce à un environnement aimant et sécurisant !
L’enfant passe par des phases ambivalentes de fusion-autonomie. M. Malher décrit cela dans sa théorie de séparation-individualisation. Cela signifie que naturellement, l’enfant est poussé vers l’extérieur, la découverte du monde, des autres mais aussi de lui-même. Ce n’est qu’en expérimentant la séparation qu’il peut petit à petit se découvrir en tant qu’être à part entière.
L’équilibre est donc important et nécessaire entre maternage, et autonomie de l’enfant. Il est réducteur de penser qu’un enfant ne PEUT PAS s’endormir tout seul avant x années. C’est l’enfermer dans une dépendance forte vis-à-vis de l’adulte. J’aborde la question de la sécurité affective ci-dessous.
Certains bébés sauront s’endormir sur leur matelas dès la naissance. D’autres auront besoin de plus de temps.
Il ne s’agit en réalité pas d’une histoire d’âge, mais une histoire de bon moment, pour l’enfant et ses parents. Un bébé de 4 mois ayant un RGO important aura beaucoup de difficultés à accepter la position allongée. Un enfant très angoissé par la séparation ne pourra pas s’endormir seul tant que cette angoisse ne sera pas prise en compte…
Il s’agit d’aller comprendre ce qui empêche l’enfant d’accepter son lit, que ce soit au niveau médical et/ ou émotionnel.
Le sommeil est une séparation
Il faut se rendre à l’évidence, s’endormir nécessite de couper avec l’extérieur, faire le vide. Se recentrer, en tête à tête avec soi-même comme le dit monsieur Chedid.
Or, nous vivons dans un monde où le vide n’a pas trop sa place. Cela peut même être angoissant pour certains adultes.
Je questionne toujours le vécu de la séparation dans l’histoire de l’enfant, mais aussi celui des parents. Cette question est centrale lorsque l’on s’intéresse aux endormissements. Nous portons tous un bagage émotionnel que certaines situations peuvent venir réveiller. Lorsqu’une naissance a été vécu douloureusement, lorsque les parents ont, ou ont eu, peur pour leur enfant, lorsque dans l’histoire du parent un événement de séparation reste douloureux, cela peut freiner le processus naturel de séparation entre l’enfant et le parent.
L’idée n’est pas de chercher à faire dormir votre enfant coûte que coûte dans son lit, cela ne fonctionnera pas. Mais de prendre soin de ce que vous ressentez lorsque vous le posez dans son lit. Ou quand vous sortez de la chambre en l’imaginant seul dans son lit. Est-ce douloureux ? Culpabilisant ? Avez-vous peur ?
Vos émotions ne demandent qu’à être écoutées, elles vous guideront mieux que quiconque.
Endormissement autonome et sécurité
Beaucoup de parents pensent que c’est en accompagnant son enfant au sommeil qu’on le sécurise. Après tout, s’il s’apaise dans les bras, pourquoi ne pas les lui offrir ? Beaucoup de blogs et de forums argumentent à ce sujet, en expliquant aux parents qu’il est de leur devoir d’accompagner leur enfant au sommeil, au nom de la parentalité positive et des neurosciences.
J’ai encore lu récemment la réponse d’une accompagnante parentale formée à la parentalité positive, à une maman d’un enfant de 20 mois, épuisée de se lever toutes les nuits pour bercer son enfant « nous sommes des mammifères, il est totalement normal que votre enfant ait besoin de contact pour dormir en sécurité. C’est épuisant de se lever, oui, mais si vous ne répondez plus à ses appels, votre enfant n’appellera plus car il aura compris que ses parents ne lui viendront pas en aide » Mais quelle pression sur le dos de cette pauvre maman ! Je trouve ces paroles tellement jugeantes ! Il n’est donc pas possible de dire non à son enfant au risque qu’il se sente abandonné ? et pourquoi tout de suite penser que l’enfant a peur ou est en insécurité ? Il peut y avoir beaucoup d’autres raisons. Et surtout, à 20 mois il est possible de sécuriser son enfant autrement qu’en se levant 10 fois dans la nuit. Nous nous retrouvons ici encore dans une situation d’injonction vis-à-vis du parent. Toujours cette opposition « il faut laisser pleurer / il ne faut pas laisser pleurer ».
Je pense qu’il s’agit de modérer ces propos, en fonction de l’âge et des compétences de l’enfant mais aussi du vécu des parents (cf ci-dessous).
Dans ma pratique, j’ai souvent pu observer que les endormissements accompagnés pouvaient générer de l’insécurité. Un enfant qui s’endort confortablement dans les bras ne comprend pas pourquoi papa ou maman disparaît quand il s’endort. Ce qui génère une hypervigilance, une insécurité et une lutte chez certains enfants : « si je m’endors, maman s’en va, donc je reste éveillé ».
De plus, l’enfant qui ne peut dormir sans l’aide de ses parents peut perdre confiance en sa capacité à s’endormir : « si papa et maman restent à côté de moi c’est que je n’en suis pas capable ! » D’où des pleurs et une forte réaction lorsque papa et maman sortent de la chambre.
Il vaut souvent mieux accompagner l’enfant en douceur vers la séparation plutôt que d’attendre qu’il soit endormi pour partir. Ce ne vous viendrait pas à l’idée en déposant votre enfant à la crèche de partir en courant dès qu’il a le dos tourné. Quoi que ce soit tentant parfois 😉 Voici 5 clés pour aider votre bébé à s’endormir sereinement.
Que penser d’un bébé qui a besoin d’une tétine, d’un doudou, d’une musique pour s’endormir ?
Nous les adultes, avons tous nos petits « trucs » pour nous recentrer : lire, écouter une méditation, nous installer d’une certaine façon dans notre lit…
Certains enfants ont aussi besoin d’objets apaisants pour s’endormir. C’est d’ailleurs tout à fait conseillé d’investir un doudou ou de trouver des objets qui permettront à votre bébé se s’endormir plus sereinement. Ces objets apaisants permettent à l’enfant de trouver de la douceur et du réconfort, indispensable pour s’endormir. Ces objets ne remettent pas en cause la capacité d’un enfant à s’endormir de façon autonome. Sauf si l’adulte doit sans cesse revenir pour remettre la musique ou la tétine. Mais je n’ai jamais oh grand jamais proposé de sevrage de tétine aux familles que j’accompagnaient car souvent, la cause des réveils se trouve ailleurs.
L’endormissement autonome : pour ou contre ?
Vous l’aurez compris à la lecture de cet article, je ne suis pas du genre à vous imposer une façon de faire. Mon rôle est de vous accompagner à bien comprendre et accepter vos envies et besoins.
Je suis pour l’endormissement accompagné lorsque c’est un vrai choix pour les parents, que tout le monde le vit bien, et qu’il n’y a pas de sacrifice parental. N’allez pas vous obstiner à coucher votre enfant seul dans son lit pour faire plaisir à quelqu’un. C’est votre choix et c’est le bon ! Certains parents ont parfois plus besoin de dormir avec leur enfant que l’enfant lui-même. Il me semble primordial d’accompagner les parents à comprendre et accepter leurs vrais besoins. Nous sommes dans une société qui a tendance à juger dans un sens comme dans l’autre les pratiques autour du sommeil. Finalement, si tout le monde est heureux en partageant une même chambre, il n’y a pas de problème
Je suis pour l’endormissement autonome lorsque les parents sont épuisés de rester des heures à côté de leur enfant, qu’ils sont privés de moments de ressourcement et en arrivent à appréhender le moment du coucher. Coucher son enfant ne devrait pas être une corvée pour les parents. Il est totalement humain de vouloir accompagner son enfant vers une autre façon de faire.
Dans certaines situations, les parents aimeraient que leur enfant s’endorme en autonomie mais ne se sentent pas totalement prêts. L’important est de rester à l’écoute de vos émotions et d’avancer à votre rythme, en équipe avec votre enfant !
Par expérience, lorsque les parents proposent de nouvelles habitudes de sommeil à leur enfant en y mettant du sens et de la confiance, cela se débloque en quelques jours ! Et pas question de laisser pleurer l’enfant ! Les changements se font avec une grande douceur, petit à petit en restant connectés aux émotions de l’enfant et de ses parents. Il y a autant de chemins vers un sommeil apaisé qu’il y a de familles !
Découvrez comment accompagner votre enfant vers un sommeil serein avec mon accompagnement « enfants apaisés, parents reboostés«
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