Cette question revient souvent dans mes conférences et mes consultations. Avec souvent le sentiment qu’elle oppose plus qu’elle ne rassemble…
D’un côté les parents qui galèrent le soir avec un enfant surexcité jusqu’à 23h, de l’autre des professionnels de crèche, assistante maternelle, maîtresses, qui respectent le rythme et les besoins de l’enfant en le laissant dormir, partant du principe qu’on ne réveille jamais un enfant qui dort.
Faut-il réveiller un enfant pour qu’il dorme mieux le soir ?
Doit-on laisser l’enfant dormir autant qu’il en a besoin la journée ?
Les difficultés d’endormissement le soir peuvent-elles être dues à des siestes trop longues ?
Alors, que penser de tout cela ? Comment savoir s’il faut réveiller un enfant ou le laisser dormir ?
Comment s’y retrouver entre le respect des besoins de l’enfant et le vécu difficile des parents ?
On ne réveille pas un enfant qui dort…
Le sommeil est un besoin vital. Ses fonctions sont nombreuses. Récupération physique, mémorisation, intégration des émotions vécues la journée, croissance, immunité…une vraie petite usine se met en place dans notre corps et notre cerveau pendant que nous dormons.
Le sommeil est organisé en cycles (les petits trains) qui comprennent chacun différentes phases (les wagons). N’hésitez pas à lire mon article sur le petit train du sommeil pour mieux comprendre tout cela.
Chaque phase de sommeil a un intérêt. Il est important que votre enfant puisse dormir la totalité de ses petits trains pour récupérer pleinement de ses temps d’éveils.
Vous avez sûrement déjà observé qu’il est difficile de réveiller votre enfant en plein sommeil. S’ il est dans une phase de sommeil lent profond c’est même mission impossible.
La nature est bien faite, si votre enfant n’a pas de troubles du sommeil particulier, laissez le dormir autant qu’il en a besoin.
Quand réveiller votre enfant est nécessaire
Il y a toujours un “mais” quand il s’agit des enfants ! Ce serait trop facile sinon !
Dans certains cas, il est vraiment nécessaire, et indispensable de réveiller votre enfant.
En effet, certains enfants se mettent peu à peu en rythme inversé. Ils compensent une insomnie ou un endormissement tardif par une sieste trop importante par rapport à leurs besoins réels. Cela a un impact sur l’équilibre de leur horloge interne qui va subir des dérèglements. Ainsi, une trop longue sieste en plein milieu de la journée peut décaler la sécrétion de mélatonine et alléger le sommeil nocturne.

Un exemple :
Un enfant de 2 ans qui s’endort à 23h, que l’on réveille à 7h pour aller chez l’assistante maternelle et qui va dormir 3 voir 4h l’après midi. Certes il a besoin de dormir et est vraiment fatigué l’après midi. Mais c’est en réalité un faux besoin, généré par un manque de sommeil nocturne.
Ce qui pose problème, c’est qu’en continuant de lui proposer des siestes aussi longues, on participe au dérèglement de son horloge biologique et cela entretient les difficultés d’endormissement.
Autre exemple :
Un enfant de 18 mois qui fait des insomnies de 1h30 la nuit, ou qui se réveille à 5h30, va parfois compenser avec des siestes matin et après midi de 2h alors qu’il n’aurait plus forcément besoin de sieste matinale sans ces insomnies nocturnes.
Tout est une question d’équilibre. il ne faut pas se mettre à réveiller tous les enfants qui font 3h de sieste l’après midi. Tout comme il faut parfois s’autoriser à ouvrir la porte de l’enfant ou entrouvrir les volets au bout d’1h30 de sieste pour éviter un sommeil diurne trop lourd.
N’hésitez pas à remplir un agenda du sommeil sur quelques jours afin d’avoir une vision globale des rythmes de sommeil de votre enfant.
Comment réveiller un enfant ?
Ou plutôt, comment induire le réveil de votre enfant ?
Pas question de débarquer dans la chambre, casseroles à la main en tambourinant pour sortir votre enfant du lit de force. C’est d’ailleurs frustrant pour les parents qui ont mis 1h à endormir leur bébé que d’aller le réveiller.
Voici quelques conseils pour un réveil en douceur :
Pour les bébés, le prendre contre vous, quitte même à faire du peau à peau pour stimuler
Ouvrir la porte de la chambre
Vivre normalement dans la maison sans chercher à éviter les bruits
Entrouvrir les volets
Aller voir votre enfant et observer si il se réveille ou si il parait profondément endormi (dans ce cas revenir 15/ 20 min plus tard tout en laissant la porte ouverte)
Essayer tous les jours, en vous autorisant à vivre des loupés. Le rééquilibrage des rythmes ne se fait pas en un jour. Il faudra entre 15 jours et trois semaines pour observer des conséquences positives de ce changement.
Et au besoin réaliser que la sieste longue n’était finalement pas le problème. N’hésitez pas à lire mon article sur les difficultés d’endormissement pour en savoir plus !

J’espère que cet article vous aura permis d’y voir plus clair sur cette question qui fait tant débat !
Si vous êtes professionnels de crèche, assistante maternelle ou que vous accueillez des enfants en garde, n’hésitez pas à suivre ma formation « Comprendre, accompagner et soutenir le sommeil en structure d’accueil du jeune enfant » (plaquette sur demande )
Si vous êtes parents et que le sommeil de votre enfant est difficile, n’hésitez pas à prendre rdv en consultation
Plein de douceur à vous les supers parents !