Voir vos enfants s’endormir ensemble, bercés par leurs respirations. Les voir jouer dans leur chambre, s’inventer leur petit univers à eux, complices et soudés, un rêve que vous portez secrètement ?
Le partage de chambre entre frères et sœurs est une réalité pour de nombreuses familles. Qu’il s’agisse d’un choix délibéré ou d’une nécessité, cette cohabitation a de nombreux avantages, mais cache aussi souvent des questionnements et des doutes côté parents.
Cet article a pour but de vous accompagner dans votre réflexion et de vous offrir des pistes concrètes pour que cette expérience soit positive pour tous : enfants et parents.
Je me permets dans cet article de vous partager des bribes de mon expérience de maman, car nos deux aînés partagent leur chambre depuis leur 2.5 ans et 4 ans (ils ont 7 et 9 ans aujourd’hui). Cela vous permettra d’avoir un partage d’expérience concret et authentique sur la question (même si ce n’est qu’une expérience et cela n’a pas valeur universelle).
Bonne lecture !
Pourquoi choisir le partage de chambre pour vos enfants ?
Avant d’explorer les avantages et les inconvénients du partage de chambre, il est essentiel de vous interroger sur vos propres motivations. Pourquoi envisagez-vous ou avez-vous opté pour cette organisation familiale ?
- Manque d’espace et solution pratique : C’est souvent la raison la plus évidente. Lorsque la configuration du logement ne permet pas à chaque enfant d’avoir sa propre chambre, le partage de chambre devient une solution pratique (et obligatoire) pour les familles nombreuses ou les petits espaces.
- Choix éducatif : Certains parents y voient une opportunité de transmettre des valeurs importantes : le respect de l’autre, le partage, la négociation, l’autonomie , ou encore la gestion des conflits. C’est une véritable éducation au vivre-ensemble, qui se fait de façon très naturelle lorsque deux enfants partagent leur chambre.
- Arrivée d’un nouveau-né et réorganisation : L’arrivée d’un bébé peut inciter à réorganiser les chambres, et le partage de chambre enfant devient alors une option pour libérer de l’espace ou rapprocher les aînés. C’est l’arrivée de notre troisième enfant qui a motivé ce choix. Non sans appréhension au début car nous avions peur que cela prive nos aînés de leur propre espace personnel, et qu’ils associent l’arrivée de leur petite sœur à cela. Nous avons donc réalisé ce changement de chambre plusieurs mois avant l’arrivée du bébé, sans pression et en leur laissant le temps de s’y habituer, quitte à faire des allers retours au début entre une chambre et l’autre. Ce qui leur a permis de s’approprier leurs nouveaux espaces et de préparer la chambre du bébé dans un second temps.
- Souhait de vos enfants : Vos enfants expriment peut-être le souhait de dormir ensemble, ou vous observez qu’ils aiment passer beaucoup de temps l’un avec l’autre. Le partage de chambre peut renforcer ce lien fraternel et la complicité entre frères et sœurs.
- Reproduire ce que l’on a connu : peut-être gardez-vous un beau souvenir du partage de chambre avec votre frère ou votre sœur et rêvez secrètement que vous enfants découvrent à leur tour cette chouette expérience.
Quelque soit votre « pourquoi », l’important est que votre décision soit alignée avec vos valeurs et les besoins de votre famille, plutôt que dictée par des influences extérieures. Chaque famille est unique, et ce qui fonctionne pour l’une ne conviendra pas forcément à l’autre.
Avant de prendre votre décision, n’hésitez pas à vous demander quelles sont vos propres motivations. Et à différencier vos attentes de celles de vos enfants. Vos enfants peuvent tout à fait s’adapter à un partage de chambre, mais laissons leur la liberté de le vivre à leur façon, et non en réponse à nos attentes de parents. Trop idéaliser les choses n’a jamais vraiment fonctionné en parentalité 🙂

Partage de chambre : les avantages
Parce que le partage de chambre présente de nombreux avantages, tant pour les enfants que leurs parents, nous vous avons préparé une petite liste :
- De magnifiques moments de complicité : Dormir ensemble peut favoriser la complicité et le développement d’une relation solide entre les enfants. Ils apprennent à se soutenir mutuellement. Nous avons assisté à de magnifiques moments durant ces 5 années de cohabitation pour nos deux garçons. Les retrouver dans les bras l’un de l’autre endormis dans le même lit, nous a déjà mis la larme à l’œil. Entendre notre grand raconter des histoires à son petit frère pour qu’il s’endorme, ou notre deuxième dire à son frère qu’il lui manque quand il n’est pas là sont des moments très touchants, et certainement favorisés par cette expérience de partage de chambre.
- Apprendre à cohabiter : Les enfants apprennent à s’écouter, se respecter, à négocier, à résoudre les petits conflits, à respecter l’espace personnel de l’autre, et à faire des compromis. C’est un excellent terrain d’apprentissage social. C’est toujours très touchant de voir un grand chuchoter le soir pour ne pas réveiller son petit frère / sa petite sœur. Idem, un plus petit peut très vite apprendre à respecter le sommeil de son grand frère / soeur.
- Se rassurer la nuit : La présence de l’autre peut rassurer un enfant qui a peur du noir ou des cauchemars, offrant un sentiment de sécurité et de réconfort. Notre deuxième a d’ailleurs mis du temps à se sentir « capable » de dormir sans son grand frère. Il a participé à lui donner confiance en lui pour dormir. Mais nous l’avons ensuite accompagné à se sentir aussi en confiance quand son grand frère n’est pas là. Pour des enfants qui ne dorment jamais seuls, cela peut faire peur d’apprendre la solitude pour dormir. Je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas d’âge pour apprivoiser cela, au vu du nombre d’adultes qui ont peur de dormir seuls 😉 Pas d’obligation à la solitude bien sûr, mais plutôt questionner d’où vient cette peur de dormir seul, cela peut aider à avancer avec plus de sécurité dans la vie.
- Gain de place : Pour les logements plus petits, le partage de chambre permet d’optimiser l’espace disponible et de libérer d’autres pièces pour d’autres usages.
- Une routine du coucher optimisée : un partage de chambre peut permettre l’installation de rituels communs. Mais cela est valable aussi lors de chambres séparées. C’est plutôt une histoire d’âge et de besoins individuels. Grouper les histoires certains soirs peut être très appréciable pour petits et grands !
Les inconvénients du partage de chambre :
Le partage de chambre a aussi ses « mauvais » côtés. Ce serait vous mentir que de le nier. En reconnaissant ces inconvénients, vous serez plus attentifs à accompagner vos enfants si cela venait à se produire de façon durable :
- Manque d’intimité et d’espace personnel : Chaque enfant a besoin de son propre espace, même petit, pour se retrouver, lire ou jouer seul. Gérer l’intimité dans un espace partagé est un défi (je vous donne des astuces concrètes ci dessous).
- Vos enfants n’ont pas les mêmes rythmes et se gênent mutuellement : des rythmes de sommeil différents, des bruits ou des mouvements nocturnes peuvent perturber le repos de l’un ou de l’autre. Trop de parents accourent la nuit au moindre bruit de peur que l’autre enfant se réveille. D’autant plus en cas de régression du sommeil d’un des enfants. Cela génère un stress supplémentaire qui peut aggraver la situation de façon chronique. Si l’un des enfants a un sommeil instable, il vaut parfois mieux séparer quelques temps les enfants pour régler ce souci de sommeil et retrouver une chambre commune par la suite.
- Des conflits à gérer : Les désaccords sur l’utilisation de l’espace, le rangement, ou les horaires de coucher peuvent être sources de tensions. « Mamaaaaan, il ne veut pas éteindre la lumière !! » » Même pas vrai espèce de gros bébé rapporteur ! » ou encore « Tu n’as pas rangé ta partie, c’est toujours moi qui range de toute façon ! J’en ai marre de toi ! Tu mets tes légos partout… » Bref, vous sentez l’expérience perso ^^ ?
- Vos enfants n’ont pas les mêmes âges : Les besoins d’un tout-petit sont très différents de ceux d’un adolescent, ce qui peut rendre le partage de chambre délicat et nécessiter des ajustements spécifiques. Autant que possible évitez les écarts d’âges trop importants, notamment si un de vos enfants entre dans l’adolescence. Il aura certainement besoin d’une intimité particulière à ces âges. Pour en savoir plus sur les besoins et les cycles de sommeil en fonction de l’âge de votre enfant, c’est par ici (article : le petit train du sommeil)
- Des compromis à faire : La chambre étant partagée, il peut être difficile de personnaliser l’espace de chaque enfant selon ses goûts et ses besoins, ce qui peut engendrer quelques frustrations si l’un aime les dinosaures et l’autre l’espace par exemple 😉
Partage de chambre : conseils pratiques pour une cohabitation harmonieuse
Une fois que vous avez réfléchi à votre « pourquoi » et pesé le pour et le contre, voici quelques astuces concrètes pour mettre en place un partage de chambre harmonieux et serein.
Aménagement de la chambre : choix du lit et optimisation de l’espace
- Lits superposés ou lits jumeaux ? Le choix dépend de l’âge des enfants et de l’espace disponible. Les lits superposés sont idéaux pour gagner de la place en hauteur, mais veillez à la sécurité (âge minimum pour le lit du haut). Les lits jumeaux, en revanche, peuvent offrir plus d’autonomie et d’espace personnel pour chaque enfant. N’hésitez pas à consulter mon article sur le passage du lit à barreaux au lit de grand.e si vous êtes concernés par cette question. Nous avons opté pour le lit Kura de chez Ikéa, pas trop haut et qui permet d’installer un lit en haut et en bas. Les lits sont leurs « sanctuaires ». Défense absolue d’y aller sans autorisation. Notre grand a une étagère à sa hauteur au dessus de son lit qui lui permet de ranger ses « trésors » et ses petites affaires rien qu’à lui.
- Délimiter les espaces : Même dans une petite chambre, essayez de créer des « coins » pour chaque enfant. Chaque enfant doit avoir son « sanctuaire ». Cela peut être symbolique (un tapis différent, une couleur de mur pour chaque côté) ou plus concret (une étagère ou un petit bureau personnel). L’objectif est que chacun ait son propre lieu pour ses affaires et ses moments de tranquillité. Chez nous, il y a des étagères différentes pour chaque enfant. Chacun a son coin bureau, et ses rangements (avec d’ailleurs une différence assez visible dans le rangement de l’un et de l’autre ^^). Mais il y a aussi des jeux partagés, qu’ils gèrent plutôt bien.
- Solutions de rangement intelligentes : Utilisez des bacs, des paniers, des boîtes de rangement sous les lits pour maximiser l’espace et permettre à chacun de ranger ses affaires facilement. Étiquetez-les si nécessaire.
Règles claires pour le respect des besoins de chaque enfant
- Définir des horaires de coucher et de lever : Si les âges sont différents, il peut être nécessaire d’établir des heures de coucher distinctes pour le plus jeune. Expliquez au plus grand qu’il doit respecter le sommeil de son cadet. Établissez une routine du coucher.
- Règles de silence : Expliquez qu’une fois la lumière éteinte, le silence est de mise pour permettre à tous de s’endormir. C’est essentiel pour le sommeil paisible des enfants.
- Respect de l’intimité et des affaires personnelles : Apprenez à vos enfants à respecter les affaires de l’autre et à demander la permission avant de prendre quelque chose qui ne leur appartient pas. C’est une base du respect mutuel.
- Gérer la lumière : Si un enfant veut lire et l’autre dormir, une petite liseuse individuelle peut être une solution efficace. en général, les enfants s’habituent aux activités de leur frère / sœur. Notre deuxième s’endort toujours très vite alors que son frère a sa lumière allumée au dessus… Tout comme parfois l’un se lève pour aller aux toilettes et cela ne perturbe en rien le sommeil de son frère. Les bruits habituels deviennent familiers et ne sortent plus forcément l’enfant de son sommeil. idem quand ils sont malades…
- Impliquer les enfants dans l’aménagement : Laissez-les participer à l’aménagement de leur chambre, au choix de la disposition des meubles ou de la décoration. Ils se sentiront davantage investis et responsables de leur espace partagé. Ils peuvent tout à fait décider de modifier tel ou tel agencement dans la chambre, si cela leur permet de bien cohabiter bien sûr.

Conseils pratiques pour amorcer les changements :
Il est important d’investir vos enfants dans cette nouveauté. Parlez leur, faites les participer au montages du / des lits. Et mettez en place des règles claires pour vous et pour eux. Pour les premiers soirs, où l’excitation risque d’être à son comble, voici quelques conseils :
- Soyez patient et compréhensif : Les premières nuits peuvent être agitées. Les enfants sont souvent excités à l’idée de dormir ensemble, et cela peut se traduire par des rires, des chuchotements ou des jeux tardifs. C’est normal et cela passe au bout de quelques soirs.
- Interventions calmes et fermes : Si l’agitation persiste, intervenez calmement. Rappelez les règles du coucher et de la nuit. Évitez les cris, qui ne feraient qu’augmenter l’excitation. La gestion du sommeil des enfants demande de la cohérence et un cadre clair pour tout le monde. Autant le poser le plus rapidement possible, tout en gardant de la souplesse si les enfants chuchotent.
- Retour au lit systématique : Si un enfant se lève ou va voir l’autre, il s’agit de faire la différence entre l’excitation du début et quelque chose qui se met en place sur plusieurs soirs de façon systématique. Il ne faudrait pas que ces habitudes nuisent au sommeil de l’un ou de l’autre.
- Routine du coucher apaisante : Maintenez une routine du coucher apaisante et constante (histoire, câlin, chansons douces) pour aider à la transition vers le sommeil. Cela ancre de bonnes habitudes. vous pouvez tout à fait imprimer une routine imagée pour chaque enfant. Cela leur permettra de s’investir individuellement dans la routine et pourquoi pas de prendre soin de leurs besoins individuels. Tout est adaptable.
- Expliquez les conséquences : Si le non-respect des règles du sommeil a des conséquences le lendemain (fatigue, difficulté à se concentrer), Expliquez le calmement à vos enfants. Il ne s’agit pas de chantage que de poser des conséquences logiques aux enfants. Par exemple, ils peuvent écouter une petite histoire pour s’endormir mais si ils font trop la foire cette histoire sera supprimée.
- Si les soirs se transforment en grand n’importe quoi et que vous vous sentez dépassés, foncez lire cet article qui vous donnera des clefs précieuses : les couchers sont un enfer, mon enfant refuse de dormir le soir !
Le partage de chambre peut être une formidable aventure pour vos enfants, favorisant leur complicité et leur autonomie. Mais il s’agit souvent d’une histoire de bon timing. Parfois, il suffit de repousser le projet de quelques semaines / mois / années pour que tout le monde le vive mieux. Autorisez vous à tester et à faire marche arrière si besoin; Quitte à prévoir des petites nuits bonus, comme ce soir pour mes trois enfants qui dorment ensemble pour fêter les vacances !